François Cardinal et la diversité dans les salles de rédaction
J'ai choisi le métier d'informer initialement pour écrire ensuite pour vulgariser l'actualité et jouer un rôle essentiel dans notre système démocratique.
François cardinal, je suis vice-président, information et éditeur adjoint de la presse.
En 2021, un sondage de l'association canadienne des journalistes révélait qu'environ 1/4 des grandes salles de nouvelles au Canada anglais seraient issues de la diversité, une proportion à peu près équivalente à celle des minorités visibles au sein de la population canadienne.
On n'a pas un portrait aussi précis pour le Québec, même si on voit de plus en plus de journalistes issus de la diversité qu'il y a quelques années, la profession reste tout de même largement blanche et québécoise de souche.
C'est un problème que plusieurs grands médias d'ici reconnaissent, mais qu'est-ce qu'on fait pour que toute la diversité soit représentée dans nos médias d'information et insuffisant? On en discute avec l'éditeur adjoint et vice-président à l'information de la presse, François cardinal.
François, tu célèbres cette année tes 20 ans à la presse? C'est ça? 2002, exactement en 2 décennies.
As-tu vu une évolution dans la profession en matière de diversité, est-ce qu'on peut dire encore que le journalisme comme autrefois est un boys club, c'est plus ça aujourd'hui.
Ah non, pas du tout. Si on regarde la présence des femmes par exemple, elle est venue tardivement dans le métier quand même. Mais aujourd'hui.
Les salles de rédaction sont jusqu'à preuve du contraire, toute paritaire. Ouais, et donc ce n'est pas un métier qui est genré, je dirais-je là où on a pris du du retard et on a du chemin à faire. C'est sur les diversité.
Et ethniques.
En n'est peut-être pas un boys club comme on le détaille une autre époque, mais on est encore très blanc.
Je trouve aussi qu'il y a un manque de diversité socio-économique dans les grandes salles de nouvelles. On a beaucoup de d'anciens premiers de classe qui font en sorte que on peut se ramasser avec des profils qui peuvent se ressembler.
Et donc il y a là, je pense, 222 défis à relever au cours des des des prochaines années, des prochaines décennies. Là c'est pas un travail qui se fait du jour au lendemain. Si on regarde juste la, la diversité ethnique par exemple, ce n'est pas chose facile parce qu'on est dans un métier qui est très culturel, dans le sens où vous ne pouvez que difficile.
Humain, être un nouvel arrivant par exemple, et devenir journaliste dans une grande salle de nouvelles, c'est plus difficile.
C'est drôle parce que je lisais Thomas Gerbet, qui est un Français qui est arrivé ici à.
22 ans.
Et c'est ce qu'il disait lui aussi, la la courbe d'apprentissage pour comprendre le contexte québécois, nos institutions, avoir son réseau de sources aussi très difficile pour quelqu'un qui vient d'arriver.
Au Québec?
Oui, puis y a même une barrière à l'entrée, je pense au test de connaissance générale qu'on fait passer au candidat pour revenir journaliste ou pupitreur, ou réviseur ou autre dans une salle de nouvelles. Oui, on a de ces tests et ils sont assez difficiles.
Vous avez de ces séances à la presse?
Forcer, ouais et donc c'est normal un pupitreur par exemple, donc celui qui met en page le journal.
Travaille en en en en autonomie, comme les journalistes en soirée, on s'attend à ce qu'il ait une connaissance générale assez large pour pouvoir être le le filet de sécurité avant la publication de l'édition.
Donc ça demande une grande connaissance, mais je comprends quelqu'un qui vient ici de France par exemple, si vous citez Thomas Gerbet, il sera pas nécessairement qui était Premier ministre du Québec dans les années 40 et 50. Or, cette barrière.
À l'emploi, je peux la défendre, je sais pourquoi on, on l'impose.
Mais je constate néanmoins que ça peut perpétuer certains traits de la salle de nouvelles le fait par exemple que c'est une scène qui est très blanche, on l'est, je dirais de moins en moins parce qu'on fait des efforts.
Si je parle juste à la presse par exemple, on a depuis 4 ans la Bourse de la diversité.
Qui sert non seulement.
Aller chercher des des, des des journalistes en herbe qui sont sur les bancs d'école, mais aussi de susciter des vocations.
Parce qu'une chose qu'on réalise dans notre métier, c'est que c'est, c'est peut-être un biais qui s auto perpétue en quelque sorte, si les salles de nouvelles sont très blanches.
Peut-être que ceux qui ne sont pas blancs ne se sentent pas nécessairement accueillis exactement et donc il y en a qui ne prennent même pas la peine d'aller à l'université ou au Cégep en journalisme parce qu'il ne se sentent pas concernés.
Sommes pas concernés, c'est ça?
C'était la question que je me posais, est-ce parce que t'as mentionné cette Bourse de la diversité qui existe depuis 4 ans à la presse? Vous recevez beaucoup de candidatures? Là, je sais que la dernière, c'était 2021 l'an passé.
On a reçoit pas des tonnes, mais plusieurs dizaines.
Ça s'adresse vraiment aux minorités visibles.
Exactement. Ce sont des bourses qu'on applique autant pour les reporters que pour les photographes, et c'est intéressant parce qu'on a beaucoup de de de candidats qui viennent pas du milieu journalistique ou de département de journalisme. Et donc ça aussi, ça amène une autre diversité, c'est-à-dire pas juste des profils de d'étudiants en journalisme.
Et donc depuis ce temps-là, on on on fait des grands pas en avant, ça paraît pas nécessairement pour le lecteur, toujours parce que vous pouvez avoir des gens de couleur par exemple, qui sont pupitreurs ou chef de division ou réviseur qui sont en en coulisses ou qui sont dans la salle de nouvelles, mais dont les photos n'apparaissent pas. Dans l'édition du lendemain, mais qui néanmoins amène une diversité qui est nécessaire, donc une sensibilité.
À à des questions qui ne seraient pas nécessairement amenées ou réfléchis de la même manière si c'était fait par quelqu'un qui a une expérience comme personnalisée à Montréal par rapport à une personne blanche qui a grandi à Québec par.
Exemple de de cette bourse, il y a 2 journalistes qu'on qu'on connaît, qu'on peut lire, qui qui sont issus de cette bourse.
Ces 2 journalistes, c'est Marissa Groguhé et Maïssa Ferrat qui ont donc qui évoluent dans dans dans dans le l'écosystème de la presse depuis.
3, 2017 depuis quelques.
Années dans le fond.
Exactement Marissa a.
En fait occuper plusieurs postes à la presse. Maintenant, elle s'occupe des des critiques musicales en bonne partie, mais la culture en général à la section des arts, alors que maïssa, elle, est plutôt du côté des faits divers.
C'est la. Elle fait partie de l'équipe des des patrouilleurs du matin. Toutes les les questions criminelles puis, mais ça, c'est un. C'est un très bon exemple.
Quand je parle d'une sensibilité qui peut être différente dans tout le fléau des armes à feu par exemple des 2.
Dernières années ou à peu près?
Il y a eu un un volet qui s'est développé à à Montréal-Nord par exemple, mais Issa ou à Laval aussi?
Maïssa a été énormément sur le terrain à Montréal-Nord, à Laval, et je dois reconnaître qu'elle n'avait pas nécessairement la même approche ou les mêmes codes.
Son âge en plus, elle est plus jeune, mais ilsa que que bien des journalistes dans la salle lui permettait d'avoir accès à des. Des échanges à des plateformes, à des discussions auxquelles nous on n'est pas nécessairement.
Du fait de son identité, de sa couleur de peau, et c'est plus facile pour elle d'aller trouver des sources.
Tout à fait.
Ou de.
Ces ces connaissances? Ou puis avec son âge aussi, elle pouvait aller sur des des plateformes et autres que je ne soupçonne même pas les.
Dont je ne soupçonne même pas.
À distance. Et donc c'est quand on parle de diversité, il y a toute cette diversité là.
Une salle de nouvelles doit représenter, et j'oserais absolument pas dire qu'on est rendu.
Là aujourd'hui, non?
Mais on travaille là-dessus, hein, bon français?
Est-ce que vous êtes donné des des objectifs à la presse, est-ce que vous avez un plan d'inclusion? Qu'est-ce que ce que vous avez, une structure pour améliorer la diversité à la presse?
Non, parce que puis-je? Je fais un lien avec ce que je disais tantôt, c'est pas comme un comité de direction ou un conseil d'administration ou vous avez je sais pas 8 chaises puis vous vous dites Bon Ben tu sais, il nous en faut 2 pour la diversité, puis la moitié doit être occupée par des femmes, une salle de nouvelles, surtout de la taille de celle de la presse par exemple. J'ai quand même 200 journalistes.
Dans la salle de nouvelles, on n'est pas à fixer des objectifs autant qu'à fixer un objectif de diversité plus grande pour s'assurer de représenter fidèlement tous les montréalais, tous les québécois, mais en même temps, on veut pas non plus tomber dans un dans une optique où.
On dirait Ben tiens, ce sont des questions qui doivent être traitées par des journalistes noirs, par exemple.
Mais oui.
Ou c'est un.
Danger quand même, ça existe, puis on le voit, tu sais?
Exactement. Et puis, honnêtement, si certains pensent que les Blancs ont un biais conscient ou non qu'il leur est interdit d'écrire, par exemple sur le racisme systémique, je voudrais pas tomber dans l'autre extrême où il y aurait un autre biais, forcément, qui s'appliquerait donc?
Les journalistes qui rentrent n'ont pas un rôle. Tu me vois faire des guillemets, des rôles à jouer. Là on va pas chercher.
Oui, on peut alors, mais.
Mais ça, par exemple les d'origine arabe, elles rentrent pas à la presse pour jouer le rôle d'une journaliste arabe.
On n'a pas ça dans une salle de nouvelles, mais mon souci est surtout d'être le plus représentatif possible.
De la population québécoise puis ce souci là, c'est le même que j'ai pour la diversité d'opinions qu'on offre à la presse.
Par exemple, il faut qu'on reflète tous les courants de pensée qui traversent le Québec et donc il faut être de toutes les manières possibles le plus représentatif de la population que l'on sert comme grand média.
Les initiatives que vous faites donc sont nobles d'un d'un point de vue de de l'inclusion. Là je parle, je parle du stage, mais il y a une logique un peu commerciale là-dedans quand même.
Tu sais, tu tu dis on veut représenter l'ensemble de la société. Je te donne l'exemple du journal métro à ses débuts, il y avait plusieurs chroniqueurs qui étaient issus de différentes communautés culturelles. Ce journal là rejoignait aussi beaucoup les communautés culturelles. Il était reconnu pour ça.
Donc, c'était une façon de aussi de vendre de la pub, puis de se faire lire. Là, est-ce que c'est un peu la même chose ou est-ce que ce cette réflexion là?
Aussi à la presse.
Pas pas de mon point de vue, moi, je suis l'équivalent du rédacteur en chef de la presse. Mon souci est de ne pas avoir d'angle mort quand on parle d'opinion.
Par exemple, si les questions de racisme systémique, de slave ou de cannata quand même une autre époque, les pièces de théâtre ou bien du genou posé au sol par Cap Vernick, le joueur de football.
Je veux lire dans la presse tout les courants de pensée sur ces enjeux là et donc c'est impossible de le faire si on donne pas aussi la parole à des personnes racialisées qui ont une expérience différente. Je me souviens très bien, par exemple du texte de Fabrice ville sur Capernaüm.
Il y a juste un noir qui pouvait écrire un texte avec une.
Autre si grande intensité, une charge, une émotion et une expérience toujours Fabrice ville par exemple, quand on parle du profilage racial et lui nous raconte que quand il prenait à l'époque, c'était car to Go, communauto car to Go avait des des des, des Mercedes.
Rappelle-toi à chaque fois qu'il prenait une car to Go Mercedes, il se faisait arrêter dans le vieux Montréal, au centre-ville.
Cette expérience là vient nourrir ces textes, sa prise de parole et.
Et cetera. C'est le cas pour maïssa. C'est le cas pour Marisa. Ce point de vue là, ce n'est pas par souci monétaire ou mercantile que je le mets dans la presse.
C'est parce que ce ce cette position là, cette expérience là, doit être reflétée dans le journal que je dirige simplement parce qu'il est ancré à Montréal.
A une une, une volonté nationale et donc doit tout, tout représenter tous ces courants là et toutes les expériences de vie au Québec.
L'exemple que tu me donnes me fait penser à je te parlais tantôt de ton début, de tes tes débuts à la presse.
Il y avait eu une enquête, je sais pas si tu te souviens de une semaine dans la peau d'un noir, d'un journaliste qui s'est qui avait fait cette expérience du Peinturluré en noir.
Une autre époque?
C'est comme quand on parle de l'évolution de ça fait pas si longtemps.
Ouais ouais, exact exactement tout à fait raison.
Quand même, on.
Pourrait pas faire ça aujourd'hui, ça serait complètement.
Ce serait complètement fou, puis on.
Plus besoin de le faire quand on a des Noirs dans une salle de rédaction par exemple. De la même manière qu'on penserait pas prendre un journaliste homme qui se déguise en femme pour tester le phénomène mytho et donc c'est pour ça que c'est, c'est important d'avoir cette diversité d'opinions là.
C'est ça?
Puis je veux pas non plus tomber dans l'autre extrême, puis encore une fois je je je veux être prudent là-dedans.
Ce n'est pas parce que un noir nous parle par exemple de profilage racial ou de racisme systémique avec son expérience.
Qu'ils sont les seuls à avoir droit de citer sur ces questions-là et donc la diversité. Elle va dans les 2 sens.
Webasto Lens.
Il faut que tous.
Puissent s'exprimer sur ces questions-là et si on veut que tous s'expriment, il faut évidemment que ceux qui l'ont vécu le fassent aussi, ce.
Qu'on voudrait pas que le phénomène d'appropriation culturelle qu'on colle à chaque fois qu'un blanc, par exemple, veut parler de.
T'as t'as mentionné l'exemple de Kanata. On voudrait pas que ça arrive dans le journalisme, est-ce qu'il y a pas, il y a quand?
Même la possibilité que ça se passe là.
Oui, tout à fait.
Tu sais, j'amène t'amener un un autre exemple, moi qui m'a un peu troublé, qui pour moi est un excès de l'autre côté que l'on vit un peu actuellement au Québec, dans les salles de nouvelles.
C'est le fait de penser que on a nécessairement des biais inconscients.
Qui nous interdisent d'écrire sur certains enjeux. Je suis allé par exemple à l'émission dans les médias. Interview par Marie-Louise Arsenault ou je me suis fait demander si j'étais sexiste parce que j'avais des commentaires négatifs sur la Mairesse Valérie Claude.
Un texte qui était plutôt dur à l'endroit de la Mairesse plante.
Oui, la Mairesse est dans sa bulle. Ça aussi, c'est un autre texte très controversé que vous avez fait paraître quelques semaines auparavant. Là, vous avez été critiqué, on vous a.
Ouais ouais.
Taxé parce que vous avez cité en fait que des hommes, hein, dans ce texte là, qui a le page Paul Arcand, Stéphane Bureau qui, vous le souteniez avec, critiqué Valérie plante, on a dit que vous étiez sexiste à l'égard de Valérie plante?
Ouais ouais.
Oui, en fait, c'est 2 choses différentes quand même. Je je dirais que la la critique contre Valérie plante, elle. Oui, j'ai entendu des des. Des accusations de sexisme par exemple sur le fait que je m'exprime sur la BD qu'elle a publié, et on me dit, tu es un homme.
Tu ne peux pas avoir de position sur un livre qui s'adresse aux femmes et qui fait l'éloge des femmes en Poly.
Mais non, je m'excuse, j'ai j'ai droit d'avoir une opinion sur ce point là quand j'ai cité les hommes, c'est pas que je citais des hommes et leur opinion autant que de montrer que Valérie plante passait un mauvais quart d'heure auprès des journalistes qui exprimaient leurs opinions dans les médias au cours du mois d'avant. Non mais les personnalités publiques qui sont sur la place publique.
Guy a Lepage n'est pas un.
Je peux pas les inventer. Les chroniqueurs femmes qui ont attaqué Valérie plante s'il y en a pas, il y en a pas.
Mon point était que dans les médias dans le dernier mois, il y avait bien des gens qui l'avaient attaqué. J'ai cité ceux qui avaient été les plus.
Vocaux, si on veut les plus, les plus caustiques et c'étaient des hommes.
Je ne veux pas vivre dans un monde où il n'y a que des journalistes femmes, par exemple, qui peuvent s'exprimer sur la Mairesse parce que c'est une femme, la même manière que je ne veux pas avoir, que des hommes qui s'expriment sur.
La politique ou sur la Mairesse Valérie plante et donc cette diversité là, pour moi, c'est important.
Qu'elle soit présente en tout temps, de tout bord, tout côté.
Y a une forme de diversité qui existe. Là, on parlait beaucoup de des minorités visibles, mais aujourd'hui les questions de genre, les questions *********, les questions LGBT et tout ça, ça existe. Sauf que.
Est-ce qu'on peut se dire, quand on a une salle de rédaction comme la presse, est ce que j'ai suffisamment de gens non cisgenre?
Là, tu sais ce que.
Ce que.
Parce que là on peut pas poser cette question en.
Alors ouais.
C'est ça que j'allais dire. C'est très délicat quand on on amène cet enjeu là parce que.
Après ça, la suite c'est quoi un c'est de demander l'orientation ******** des journalistes, ce que je n'ai jamais fait.
Et je ne ferai jamais, je pense Deuxièmement exactement, puis ensuite, c'est de les jeter, c'est de les mettre dans des petites cases et ça amène donc encore juste.
Qu'on peut.
Pas, on n'a pas le droit, je pense.
Cette nécessité d'une diversité qui ne se quantifie pas nécessairement en objectif. Moi, je veux que dans ma salle de rédaction, il y ait des gens qui puissent s'exprimer sur tous les sujets et de toutes les manières, donc ça veut dire qu'il y en aura forcément qui vont amener leurs bagages en termes d'orientation ********, qui peut être différent des 6 genres sans que ça soit.
Souligner à grand trait.
Donc c'est simplement que cette expérience là nourrisse les textes qui sont publiés dans le dans le journal.
J'identifie une sorte de plafond de verre quand même quand on parle de diversité. Puis là je m'explique. Par exemple, les on voit très peu de journalistes, d'opinions, de chroniqueurs, d'opinion qui sont issus de la diversité. Je regardais bon la soirée électorale, les panélistes étaient tous québécois de souche.
Blanc on dirait que le la gérance d'estrade c'est.
Comme un un mur pour les gens de l'issue de la diversité, tu l'expliquerais comment ce phénomène là?
C'est une très bonne question, c'est est-ce que là je réfléchis tout beau, est-ce que c'est un reflet du retard qu'on a pris dans la diversité, dans les salles de nouvelles? La Bourse de la diversité, dont je parlais tantôt, ça fait 4 ans.
Seulement qu'elle existe.
Avant qu'un journaliste devienne chroniqueur ou éditorialiste ou analyste politique, ça prend des années d'expérience et donc est ce que on va nécessairement aller vers une plus grande diversité? Des journalistes d'opinion aussi éventuel?
Ben je pense que oui. J'espère que oui. En attendant ce que je constate, que ce soit la presse ou au devoir par exemple, c'est qu'on compense en ayant des collaborateurs, des chroniqueurs, des analystes qui ne sont pas nécessairement journalistes. Je pense à Émilie Nicolas, au devoir, je pense à Buka Diouf, à la presse.
Donc ce sont des gens qui amènent ce ce ce point de vue là sans être un colonialisme politique, avec des guillemets là mais. Mais je pense que c'est un reflet du retard qu'on a pris avec le temps, sur la diversité, on en parle beaucoup plus aujourd'hui. Mais quand j'ai commencé il y a 20 ans à la presse où il y a 25 ans dans le métier au devoir, au journal de Montréal, on parlait pas de de diversité. L'exemple que tu donnais tantôt.
D'un journaliste qui se déguise en noir, là je veux dire, c'était à une époque où j'étais journaliste. Là, on parle pas de.
Oui, oui, c'était dans le présent siècle.
Exactement, tu sais, et donc je pense que c'est un reflet de ce retard.
Là, ouais, il y a aussi peut-être une peur de s'exposer.
Je pense à à Jamila Benhabib il y a quelques années qui était une chroniqueuse humane et que ça s'est pas bien passé.
Ouais ouais.
Le fait, le fait. L'objet de plusieurs actes racistes. S'exposer comme ça quand on est chroniqueur, j'imagine, d'un Richard Martineau.
Ouais mais.
Musulman au Québec, ce serait difficile, je pense.
C'est un autre aspect de la de la question qui qui est épineux parce que le harcèlement que vivent les journalistes et très forts et décupler si t'es une femme et multiplier par 100 si tu es une minorité visible.
Et donc je connais des des, des journalistes et des chroniqueurs noirs qui ont cessé d'écrire ou même d'orientation ********.
Euh minoritaire, qui ont arrêté d'écrire parce que.
C'est des, ce sont toutes des des des femmes, elles n'en pouvaient tout simplement plus de se faire.
Insulter à tous les jours dans la salle de de rédaction de la presse, on a par exemple une une colonne, liste Rima Elkouri pour pour pour la nommer, qui a développé une carapace.
Très très très dur pour continuer à faire ce métier là après tant d'années, même si elle est l'objet de tellement d'insultes.
Là, ça en est, ça donne des frissons là, quand on voit ça, maintenant que je suis dans un poste de gestion, que j'ai à m'occuper justement de la sécurité des des journalistes, je vois davantage ce qu'ils reçoivent. On aide beaucoup les journalistes pour leur donner des outils qui leur permettent soit de filtrer.
Les les commentaires soient d'éviter les pires commentaires, soit que certains peuvent modérer leurs réseaux sociaux, leurs courriel.
Et là je vous parle de journalistes à temps plein à la presse. Si vous êtes une Vanessa destinée par exemple et que vous écrivez dans la section débat, Ben vous.
D'aller nécessairement recevoir votre lot d'insultes et vous allez être seul chez vous à les recevoir. Donc c'est une barrière à l'emploi, en quelque sorte pour pour ceux qui voudraient faire de l'opinion.
Et qui font partie d'une minorité, quelle qu'elle soit, là.
Est-ce que c'est?
Lié parce que on parle de depuis, tantôt on parle de diversité, mais il y a une grosse diversité dont on n'a pas parlé, c'est le fameux clivage Montréal région, ce qu'on s'entend que ces.
L'affaire qui cause des chicanes au Québec en ce moment, qu'est-ce qu'on fait à la presse pour essayer de se rapprocher des de? Justement, ouais.
Auditeurs des radios de Québec et ces gens-là, je si les québécois, mais on est tellement différent.
Mais je vais.
Dire Ouais.
Je vais, je vais répondre à ta question Steve, mais pour moi c'est pas.
C'est pas la polarisation la plus difficile à réduire dans un journal comme la presse, mais oui, pour les régions c'est une réalité.
Et la preuve qu'il faut que qu'on a ça dans le radar et qu'on veut s'en occuper, c'est que t'auras remarqué par exemple dans la dernière année que je suis allé chercher des des gens comme Régis labeaume et Maxime Pedneaud-Jobin, donc en l'occurrence, maire, ancien maire de Québec, maire de Gatineau qui amène un point de vue qui n'est pas celui non seulement de Montréal, mais du Montréal.
De l'élite?
Intellectuel, qui habite à 500 M de la ligne orange et donc c'est encore une fois cette ce souci de diversité là pour amener tous les points de vue?
Avant, on se demandait comment on pouvait avoir autant de gens qui étaient du côté de la souveraineté ou du fédéralisme dans les médias au Québec. Aujourd'hui, c'est moins cette diversité là qu'on va chercher, c'est davantage ce.
De Montréal, région gauche, droite, nationalisme, inclusivité en quelque sorte. Là tu sais en ce moment, on, on voit bien là avec tous les partis sur l'échiquier qu'on est à redéfinir les enjeux qui séparent les eaux idéologiques au.
Mais je dirais que ce souci là, toujours été là, ce qui change, c'est.
L'angle mort qu'il faut combler mais ce qui est important dans les salles de nouvelles. Puis c'est vrai à la presse, mais c'est vrai, dans à peu près toutes les salles de nouvelles en Amérique du Nord.
Je sais qui ont les mêmes enjeux aux États-Unis, c'est que les journalistes ont tendance majoritairement à être de centre-gauche.
Et donc on en vient à avoir une sorte de d'opinion plus dominante qui est celle du centre-gauche, des gens qui habitent les quartiers centraux de Montréal et ça, c'est important d'avoir cette diversité d'opinions. Là, si je regarde à la presse, si une majorité de francophones appuie la coalition avenir Québec?
Je dois me poser la question, est-ce que le courant de pensée de ces francophones là est bien représenté à la presse?
Donc c'est pas seulement pour cocher les bonnes cases ou pour aller chercher de la pub, ça va pas chercher de pub, c'est simplement que tous les québécois, peu importe leur position, se sentent représentées dans leur.
Quotidien. Et ça, pour moi, c'est un souci quotidien, c'est pour ça que on est on a un Christian Dufour par exemple très nationaliste à la presse, Maxime Pedneaud-Jobin.
Même chose, quelqu'un qui n'a pas nécessairement le même point de vue sur les questions identitaires comme sur l'immigration par exemple que bien des colonialistes à la presse. Donc c'est un écosystème, un quotidien.
Et c'est important pour pas que cet écosystème là s'effondre, qui représente tous les courants de pensée que tout ça circule de manière très organique et qui est constamment à revoir si on se reparle dans 5 ans, je suis sûr que je vais te dire oui, mais là tu sais, pour moi l'angle mort qu'il fallait que je compense dans les 2 dernières années était plus là. Par exemple, tu sais les questions identitaires, il y a 10 ans étaient beaucoup moins importantes, tu sais?
Elles ont pris une grande place, notamment avec la Commission Bouchard-Taylor.
Ben c'est important à partir de ce moment-là, de se demander au quotidien si tous les courants de pensées peuvent s'exprimer dans le respect. Je n'irai pas chercher.
Dépositions extrêmes parce qu'elles existent au Québec, la comprenez moins bien là.
S'attend pas à voir Dominique Moret faire une chronique dans la presse.
Certainement pas. Et et tu sais-je te cacherais pas qu'un Éric duhaime, par exemple, m'a déjà approché pour avoir une une, une chronique à la presse avant de se lancer en politique. Ben.
Pour moi, je je, j'avais déjà des représentants de ce courant de pensée là.
De manière peut-être?
Peut-être plus proche du centre, un peu mais avec des gens comme Joanne marcotte par exemple, qui représentaient ce ce courant là et donc sans moi, c'est intéressant de faire un un lien avec la représentativité proportionnelle.
Je, je veux pas représenter tous les courants d'un extrême à l'autre, mais tous ceux qui sont importants dans le débat public au Québec.
Merci beaucoup François Cardinal pour ton temps aujourd'hui.
Le Balado le métier d'informer est une initiative de Proj et une production de l'Agence trente-septième avenue, à l'animation et à la réalisation.
Steve Proulx à la recherche Mike Fradette pour poursuivre la réflexion sur la pratique du journalisme, ne manquez pas nos prochains épisodes à bientôt.